"Je trouve qu’il est d’autant plus important de faire attention aux mots que nous employons qu’ils peuvent rendre hommage ou, au contraire, déprécier les luttes des femmes qui nous ont précédées. Pour obtenir des droits, les femmes ont toujours dû se battre et se regrouper en communautés pour allier leurs forces. Nous savourons aujourd’hui le droit d’exister dans la société grâce à celles qui ont lutté pour cela ! Quel meilleur exemple que ce réveil des femmes à leur divinité grâce à leurs connaissances et à leur solidarité ! Si nous désirons aujourd’hui trouver notre place au sein de notre société et vivre notre féminité comme une puissance pour faire du monde un espace de vie harmonieux et paisible, il nous faut suivre leur exemple et nous regrouper.
S’il fut un temps où je vous engageais dans la voie de la sororité, ce n’est aujourd’hui plus le cas. Non seulement ce terme ne reflète pas cette puissance et cet amour qui sont les nôtres après notre éveil corporel et de paix, mais il induit en plus une certaine exclusion : nous, sœurs, en dehors des autres ! C’est la raison pour laquelle je vous engagerai dorénavant à rejoindre l’adelphité. En grec ancien, adelphe signifie « utérin » et « frère » ; il décrit la fraternité entre frères et sœurs, le fait d’être ensemble au-delà de notre sexe.
À ce titre, je trouve qu’il traduit merveilleusement bien mon travail pour vous, mes sœurs : en amour de votre beauté et du monde, vous vous mettez en tant que femmes au service de la société pour l’amour et la paix, pour vos sœurs, certes, mais aussi pour les hommes, pour nos enfants et pour la magie de notre terre ! Je pense d’ailleurs que l’adelphité a un bel avenir devant elle si on en juge par la prise de position récente du Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes, qui parmi ses neuf recommandations pour réviser la Constitution a suggéré de remplacer le terme fraternité par adelphité. Qui sait, bientôt peut-être nous pourrons prôner la devise « Liberté, Égalité, Adelphité »…